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Vous avez dit attractif !


Paris qui pleure quand la « ville-monde » s’aperçoit qu'un million et demi de touristes l'ont boudée en 2016, Un petit coin de Charentes qui rit parce que l'UNESCO vient de ranger le pont transbordeur de Rochefort au patrimoine de l'humanité, et en attend un surcroît de fréquentation touristique. Dans ces deux évènements, sans rapports apparent entre eux, se cache pourtant toute l’ambiguïté de la globalisation…

Bien sûr, il y aurait ce constat trop souvent négligé : le voyage touristique perd de son intérêt ! Sa raison d’être va progressivement disparaître ! Voyager, c’était jusqu’à maintenant se confronter à l’étrange ou à l’étranger (ce qui revient au même). Mais revoir « en vrai », ce qu’on a déjà vu cent fois à la télé, retrouver urbi et orbi son semblable, les mêmes enseignes, les mêmes comportements standardisés, les mêmes appétences hédonistes, n’est plus voyager mais se déplacer. Il n’y a rien à voir, circuler ! L’envie d’ailleurs, se transforme en contemplation de soi.

Le développement considérable du transport aérien a favorisé un tourisme de masse qui outrepasse nos enjeux culturels et patrimoniaux. Les cohortes d’asiatiques qui « consomment » en 4 ou 5 nuitées un séjour en France, n’y viennent pas pour s’imprégner d’une culture mais pour s’extasier devant le spectaculaire. L’animation, l’excursion, le festif est devenu le premier argument des tours opérateurs, et ce au dépens d’un patrimoine ancien, aujourd’hui mésestimé et trop peu soutenu. Apposer sur un monument le label « patrimoine de l’humanité » est au mieux un leurre, au pire une erreur. L’humanité n’a ni patrimoine, ni personnalité ! Tout ce qui a été créé depuis la nuit des temps, l’a été par des hommes appartenant, eux-mêmes, à des clans, des tribus, des nations voire des civilisations qui constituent la forme la plus élaborée des organisations humaines. Dénier un label « européen » pour se pourlécher d’«humanité » aura été pour L’Europe une façon de se dissoudre dans la haine de soi.

Ferdinand Arnodin, l’ingénieur du pont transbordeur de Rochefort est bien né, comme le chante le poète, quelque part ? C’est bien en France, à la belle époque, avec le triomphe de l’architecture métallique, qu’il conçoit ce type de pont, si original, si peu couteux qu’on en construira cinq en France et un, toujours en service, à Bilbao.

A Paris comme à Rochefort, on fait du marketing quand on veut développer le tourisme. Des visiteurs en moins c’est une perte, un label en plus c’est un potentiel. Le tourisme est devenu une industrie, ce qui peut s’entendre ; mais une industrie de loisir, c’est moins acceptable. Transformer nos châteaux en parc d’attraction ou Paris en arène de jeux sportifs, n’est pas un progrès mais un déclin.

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